Un caractère. Il faut sans doute être un peu étrange pour demander le caractère d’une personne non ? C’est en tout cas ce que Mathilda en pense. Pour elle, un caractère n’existe pas sans être défini de façon plus large par un passé, une histoire, des faits accomplis. Si Mathilda le pense, elle ne le dit pas. Il faut dire qu’elle ne parle pas beaucoup. En fait, quand elle parle, c’est souvent parce qu’elle n’a pas d’autre moyen de vous répondre. Dès lors, vous vous rendrez compte que vous avez affaire à une jeune fille très perspicace. Cependant, tachez de ne pas confondre l’intelligence et la perspicacité. Si parfois ces deux-là vont de paires, ce n’est pas toujours le cas. N’allez pas croire que Mathilda est une ignorante, elle est comme une élève lambda, elle ne se démarque pas par ses connaissances mais par sa faculté à deviner les choses. De là, vous pouvez en conclure que Mathilda est quelqu’un de calme et de sage. Cela ne veut pas non plus dire qu’elle fait des bêtises, mais simplement qu’elle ne le fait pas devant vous. En fait, elle est surtout très cachottière, elle ne partage pas souvent ses émotions, ses sentiments, ou autre chose de ce genre. Elle a peur d’être blessée comme elle à été blessée tant et tant de fois. Pourtant, nul doute que Mathilda serait une personne aimante si elle apprenait à extérioriser ce qu’elle garde pour elle.

Encore une fois, il semblerait que Mathilda ne se démarque pas des autres par son physique. En fait, elle est une jeune fille des plus ordinaires. Peut-être est-elle un peu plus grande que les autres jeunes filles, peut-être pas. Elle n’a jamais cherché à se comparer aux autres pour voir si elle en était tant différente que ça. Grande donc, la peau pâle et douce, elle dispose d’un visage fin ou quelques restes de son enfance persistent à travers des traits juvéniles. Ses yeux, semblable aux couchés de soleil les plus merveilleux de ce monde sont entourés de fins cils noirs qui lui donnent un regard de biche. Son nez, légèrement retroussé laisse place à une bouche fine, aux lèvres rosée et tendre qui ne sont comparables à nulles autres sur Terre. Son visage et lui même bordé par de longs cheveux  blonds que Mathilda attache et qui viennent caresser le creux de ses reins pour finir leur course au niveau de ses genoux. Très fine, elle ne dispose que de peu de poitrine, ce qui ne semble pas la déranger le moins de monde. Vestimentairement parlant, Mathilda se contente de tout et de n’importe quoi. Jeans, jupe, robes, short, sweat ou t-shirt, elle aime tout du moment que ça lui va.

 Si vous souhaitez lire une histoire tragique de jeune fille orpheline, je pense qu’il faut allez ailleurs, dans le même genre, si vous espérez lire la fiche d’un gosse de riche violent et perturbateur, la fiche juste en dessous de celle-ci devrait parfaitement vous convenir. Pour ma part, je vais vous conter une histoire ou il n’y eut jamais aucune mort tragique, d’orphelinat ou de malheurs. Enfin, rien de vraiment dramatique tout du moins, car son histoire c'est sommes toute d’un banal déconcertant. Mathilda est franc-japonaise, née de parents français et japonais à l'hôpital central de Tokyo il y a maintenant 21 ans. Loin d’être fille unique, la jolie blonde à deux grandes soeurs, très gentilles, très douces, nommées Alice et Cassy, ayant respectivement cinq et trois ans de plus qu'elle. Son père est docteur -mais il semblerait que ce soit de famille puisque son père à lui (le grand-père paternel de Mathilda donc) l’était jusqu’à sa retraite, il y a six ans- et sa mère institutrice dans l’école du quartier dans lequel ils vivent tous, encore aujourd’hui. Ils habitent d’ailleurs une jolie maison de briques rouges.

Je parle au présent, parce que vous vous doutez bien que la belle habite toujours chez ses parents et si ses deux soeurs ne sont plus là actuellement, par le passé, elles l’étaient pourtant. Mathilda a bien grandit, ni malheureuse, ni trop heureuse, entourée d’une famille aimante. Quand elle a eut l'âge de pouvoir commencer à se prendre en charge elle-même, c’est-à-dire aux alentours de ses treize ans, Mathilda a commencé a me détacher bien malgré elle du cocon familial. Les conversations avec ses parents ce sont subitement limitées à des salutations polies et des "au revoir soufflés" du bout des lèvres. Avec ses soeurs aussi, la situation a commencé à se dégrader. Alice sa plus grande soeur nageait dans son océan de bonheur, bercée par des études brillantes et un copain séduisant. Mathilda s'est même mise à l’envier, la jalouser, un peu trop peut-être. Avec Cassy, ce même schéma s’est reproduit. A l’école, Mathilda n'avait pas réellement d'amis. Des camarades de classes pour la plupart, très gentils avec elle, mais qui, comme la plupart des gens, ne cherchaient pas franchement à la connaître davantage.

Alors elle est restée seule, avec sa chambre et la poussière, avec ses bouquins et la crasse. C’est comme si subitement, sa propre famille en avait oublié son existence. Et une fois ses études terminées, il ne fut plus question pour Mathilda de partir ; sa chambre était devenue son seul refuge, son exutoire contre le monde extérieur. Elle obtint pourtant -et sans doute grâce à un quelconque dieu- un petit boulot d'apprentie auprès d'un tatoueur bienveillant qui voyait en elle davantage qu'une gosse paumée et mal dans sa peau. Et alors, après le boulot, alors qu'elle retournait dans son antre, il n' avait plus vraiment qu'une seule chose qui comptait : les jeux vidéos.